Avec les artistes Nienke Baeckelandt, Sarah Caillard, Lola Daels, Jacques di Piazza, Maëlle Dufour, Valérian Goalec, Lucie Lanzini, Charlotte Lavandier, Muesli Collective, Angyvir Padilla, Kristina Sedlerova-Villanen, Paulius Sliaupa, Maarten Van Roy
Commissariat : Maud Salembier
visites guidées samedi 10 juin de 16h à 18H
Exposition du 2 Juin au 19 Août 2023
L’exposition Lavender Snows a pour ambition de montrer à Marseille la vitalité de la scène artistique belge émergente. Tenant compte de l’attention de La Traverse pour les questions écologiques, Maud Salembier prend le parti de parler de celles-ci sans les aborder de manière frontale ou trop littérale. Les œuvres présentées contiennent toutes une tension entre solidité et fluidité, dynamique et statique, et questionnent l’impermanence de la matière existant comme un devenir continu. Elles révèlent des préoccupations observées chez de nombreux artistes aujourd’hui, et rappellent inévitablement la manière dont notre planète se réchauffe et se liquéfie, du permafrost aux glaciers, évoquant aussi par glissement les
ravages de la construction à outrance et une tectonique à effets dominos pour le moins vertigineuse.
L’anthropologue Tim Ingold pense notre être au monde sous des prismes inédits et ses travaux au sujet des fluides solides
dans l’anthropocène* semblent pertinents pour envisager certains parallèles entre les dérèglements environnementaux et la création contemporaine. Les objets et les formes sont selon lui en constante transformation et en relation dynamique avec leur environnement, plutôt que d’être des entités fixes et statiques. Cette idée peut être observée dans des formes d’art qui impliquent l’utilisation de matériaux et de processus qui sont ou semblent instables. De même, les artistes qui travaillent avec des matériaux tels que l’eau, la glace, la lumière ou les matériaux organiques peuvent être considérés comme explorant les idées de fluidité et de transformation. La porosité entre animé et inanimé, entre animal, minéral et végétal, sont aussi des paradigmes qu’ielles investissent. Enfin, cette pensée peut également être utilisée pour remettre en cause les normes économiques et les conventions du monde de l’art contemporain, questionnant la notion d’œuvre d’art comme un objet fixe et immuable.
L’exposition se penche sur les états transitifs des choses et des matières qui interrogent notre propre finitude, celle de notre espèce, mais aussi celles des œuvres d’art. Le titre Lavender Snows mêle de manière synesthésique un parfum, une couleur et une sensation tactile. Il rappelle aussi les reflets mauves des neiges immortalisées par la peinture d’un Friedrich ou d’un Monet, en plein avènement de l’industrialisation massive de la société occidentale, et des conséquences qu’on lui connaît aujourd’hui.